Note. La carence en fer est inhabituelle dans les pays développés, sauf chez les femmes et plus particulièrement les femmes enceintes. Dans tous les cas, on ne devrait prendre des suppléments de fer qu’après un diagnostic d’anémie ferriprive et sous la surveillance d'un professionnel de la santé. |
C’est au début du XXe siècle que le chimiste français Gabriel Bertrand a mené des expériences qui ont démontré que le fer, ainsi que d’autres minéraux, était présent dans le corps en très faible quantité tout en étant essentiel à la santé humaine. L’usage des suppléments de fer s’est plus tard répandu pour combattre la carence, notamment chez les femmes enceintes, de même que chez les enfants en croissance. Cependant, la prudence est de mise, car un excès de fer dans l’organisme n’est pas souhaitable.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé, environ 25 % de la population mondiale souffre d’anémie1 (un manque de globules rouges dans le sang). La moitié de ces cas serait attribuable à une carence en fer2 (anémie ferriprive). En Amérique du Nord, ce type d’anémie touche environ 20 % des femmes, 50 % des femmes enceintes et 3 % des hommes3.
Le fer est un oligo-élément, c'est-à-dire qu'on le trouve à l'état de trace dans l’organisme. Ainsi, le corps d'un homme de 70 kg en renferme environ 4 g et celui d'une femme de 60 kg, 2,5 g. Il est principalement absorbé dans l’intestin grêle.
Le fer est présent dans l’hémoglobine des globules rouges qui transportent l'oxygène vers toutes les cellules. Il est aussi présent dans la myoglobine, une substance semblable à l’hémoglobine, qui aide les muscles à mettre de l’oxygène en réserve. Le fer est essentiel à la production de l'adénosine triphosphate (ATP), source première de l'énergie corporelle. Il participe à plusieurs processus physiologiques vitaux, comme la régulation de la croissance des cellules et de leur différenciation.
L’organisme ne peut synthétiser le fer et doit donc le puiser dans les aliments. La nature étant bien faite, lorsque les réserves de fer de l'organisme diminuent, son taux d’absorption augmente. En revanche, lorsqu’elles sont élevées, l’absorption baisse, ce qui exerce un effet protecteur contre les effets toxiques d’un excès de fer dans l’organisme.
Bien que la carence en fer soit l’une des plus répandues dans le monde, depuis quelques années l’excès de fer dans l’organisme retient également l’attention des chercheurs. Le corps humain possède peu de mécanismes d’élimination de cet oligo-élément, si bien qu’il s’accumule facilement. Un excès de fer pourrait être associé à certaines maladies, mais cette hypothèse reste controversée (voir la section Trop de fer?, ci-dessous).
Apport nutritionnel recommandé en fer | ||
Âge | Hommes | Femmes |
de 0 à 6 mois | 0,27 mg* | 0,27 mg* |
de 7 à 12 mois | 11 mg | 11 mg |
de 1 à 3 ans | 7 mg | 7 mg |
de 4 à 8 ans | 10 mg | 10 mg |
de 9 à 13 ans | 8 mg | 8 mg |
de 14 à 18 ans | 11 mg | 15 mg |
de 19 à 50 ans | 8 mg | 18 mg |
plus de 51 ans | 8 mg | 8 mg |
Femmes enceintes | - | 27 mg |
Femmes qui allaitent | - | 9 mg |
Source : Dietary Reference Intakes for Vitamin A, Vitamin K, Arsenic, Boron, Chromium, Copper, Iodine, Iron, Manganese, Molybdenum, Nickel, Silicon, Vanadium, and Zinc, 2000. Food and Nutrition Board, Institute of Medicine. Ces données sont le résultat d'un consensus entre les autorités canadiennes et américaines.
* En l'absence de données scientifiques suffisantes, les autorités ont fixé, non pas un apport nutritionnel recommandé (ANR), mais un apport suffisant (AS). L'apport suffisant en fer repose sur les apports moyens observés chez les bébés nord-américains en bonne santé.
Dans les aliments, le fer existe sous deux formes principales : héminique et non héminique. La viande rouge, la volaille, le poisson et les fruits de mer renferment du fer à la fois héminique et non héminique. Les fruits séchés, la mélasse, les grains entiers, les légumineuses, les légumes verts, les fruits à écales, les graines, les oeufs et les produits laitiers renferment uniquement du fer non héminique. Notez que les produits laitiers contiennent très peu de fer et que, de plus, le calcium qu’ils contiennent concurrence le fer et pourrait nuire à son absorption. Le taux d'absorption moyen du fer héminique est d’environ 25 % (de 15 % à 35 %), tandis que celui du fer non héminique est d’environ 5 % (de 2 % à 20 %). La différence d'absorption est attribuable à la présence de certains composés dans les végétaux (acide phytique et tannins). La vitamine C, les protéines et le fer héminique améliorent l’absorption du fer non héminique. Aux États-Unis et au Canada, certains produits raffinés, comme la farine de blé, les céréales à déjeuner, le riz précuit et les pâtes alimentaires, sont enrichis en fer non héminique. |
Aliment | Portion | Quantité de fer |
Fer héminique | ||
Palourdes en conserve | 85 g | 23,6 mg |
Palourdes bouillies | 60 g (5 grosses) | 16,8 mg |
Foie de poulet cuit | 74 g | 6,3 mg |
Foie de boeuf cuit | 85 g | 5,3 mg |
Rôti de boeuf (palette) | 88 g | 3,1 mg |
Dinde hachée cuite | 82 g | 1,6 mg |
Sardines en conserve (Atlantique) | 48 g (4) | 1,4 mg |
Fer non héminique | ||
Tofu | 115 g | 6,2 mg |
Graines de citrouille écalées | 30 g | 4,5 mg |
Haricots de soya cuits | 125 ml | 4,5 mg |
Haricots blancs en conserve* | 125 ml | 4,1 mg |
Mélasse noire | 1 c. à soupe | 3,6 mg |
Lentilles bouillies | 125 ml | 3,5 mg |
Épinards bouillis | 125 ml | 3,4 mg |
Pomme de terre au four avec sa pelure | 202 g (1 grosse) | 2,7 mg |
Pâte de tomate | 75 ml | 2,5 mg |
Source :Valeur nutritive de quelques aliments usuels, Direction générale de la protection de la santé, Santé Canada, 1999.
Note. Bien que la carence en fer soit assez fréquente chez les femmes dans les pays développés, elles ne devraient prendre des suppléments de fer qu’après un diagnostic et sous la surveillance d'un professionnel de la santé. La carence en fer est inhabituelle chez les hommes. |
Il existe 3 types de carence :
Pour en savoir plus sur les symptômes et les personnes à risque, consultez notre fiche sur l’anémie ferriprive. Consultez notre fiche Diète spéciale Anémie pour savoir comment augmenter votre consommation d’aliments riches en fer.
Le fer et les troubles cardiovasculaires. Au début des années 1990, des résultats d’études épidémiologiques menées en Europe du Nord, notamment en Finlande, indiquaient que l’excès de fer dans l’organisme était associé à une augmentation de l’incidence de l’infarctus du myocarde. La publication de ces résultats a lancé une polémique qui persiste encore au sein de la communauté scientifique4,14,15. On sait qu’un excès de fer dans l’organisme a un effet oxydant. Mais les résultats des méta-analyses publiées à ce jour ne permettent pas de tirer une conclusion claire quant à l’effet réel d’un excès de réserves de fer sur une augmentation du risque de maladies cardiaques et de troubles cardiovasculaires5. Les experts s’entendent tout de même pour limiter la supplémentation en fer et s’en tenir aux apports nutritionnels recommandés6.
Certaines données épidémiologiques indiquent qu’un excès de fer pourrait aussi être associé à une prévalence accrue du syndrome métabolique, du diabète de type 27,16 et de certains cancers8,9, mais ces liens ne sont pas toujours confirmés17,18.
Le fer dans les multivitamines. Les multivitamines de base contiennent en général 10 mg de fer ou moins. Plusieurs fabricants offrent des multivitamines sans fer, notamment destinées aux femmes ménopausées et aux hommes. Les multivitamines pour femmes enceintes renferment habituellement 27 mg de fer. |
Le fer et la grossesse. La supplémentation en fer à raison d’environ 30 mg par jour durant la grossesse est une pratique courante en médecine classique, car les besoins accrus de la femme enceinte (27 mg par jour) peuvent être difficiles à combler par l’alimentation seule10. Cependant, cette pratique est remise en question. Par exemple, en 2004, des chercheurs français suggéraient de la réserver aux femmes à risque d’anémie ou dont l’anémie est diagnostiquée à la suite d’une prise de sang11. Même position en Grande-Bretagne où la supplémentation systématique n’est pas recommandée19.
En 2009, des chercheurs canadiens en nutrition estimaient, pour leur part, qu’un supplément fournissant 16 mg de fer par jour est suffisant et sécuritaire, lorsqu’on tient compte du fer présent dans l’alimentation12. Santé Canada considère que la supplémentation en fer n’est pas nécessaire chez « les femmes bien nourries et en santé qui consomment des aliments riches en fer hémique, en fer non hémique et en vitamine C »13.
C’est connu, le fer est un minéral essentiel. Cependant, quand les apports alimentaires sont trop importants, il peut avoir un effet pro-oxydant. Au lieu de nous protéger, il attaque alors certaines structures du corps (à la façon de la rouille) et serait possiblement associé à un risque plus élevé de maladies cardiaques. Lorsque les sources de fer ne sont qu’alimentaires, un apport trop élevé en fer est toujours associé à une trop grande consommation de viande rouge. Or, on le sait, la consommation de viande rouge devrait être limitée. Quoique plusieurs considèrent un taux élevé de fer comme facteur de risque des maladies cardiovasculaires, de certains cancers ou même du diabète, ce rôle demeure controversé. À ce titre, il faut comprendre que la réalité des femmes en âge de procréer (qui perdent du sang tous les mois) est fort différente de celles des hommes. Faut-il s’abstenir de consommer un supplément de fer? Dans bien des cas, oui. Les seules personnes qui devraient prendre un supplément de fer sont les femmes en âge de procréer (aux doses contenues dans les multivitamines) et les personnes ayant un diagnostic de manque de fer (anémie ou autre). Les femmes ménopausées et les hommes devraient limiter l’apport en fer dans leurs suppléments. Par contre, à moins d’être un gros mangeur de viande, il n’est pas nécessaire d’éviter absolument toute multivitamine contenant du fer, puisque ces suppléments en contiennent des doses assez faibles. Fer et grossesse Durant longtemps, il a été de rigueur de prescrire une dose importante de fer (environ 60 mg par jour) durant la période prénatale. De nos jours, la dose a été revue à la baisse et s’approche maintenant des apports nutritionnels recommandés (ANR) qui sont de l’ordre de 30 mg par jour. Voici les raisons de cette baisse : Les doses plus élevées entraînent des effets indésirables comme de la constipation et de la nausée. Bref, un plus petit dosage apporte les bénéfices recherchés, réduit les effets secondaires et n’entraîne pas l’abandon du traitement.
Jean-Yves Dionne, B.SC. Pharm |
RéférencesNote : les liens hypertextes menant vers d'autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est possible qu'un lien devienne introuvable. Veuillez alors utiliser les outils de recherche pour retrouver l'information désirée. Bibliographie Complete Dictionary of Scientific Biography. Bertrand, Gabriel. [Consulté le 10 février 2010]. www.encyclopedia.com Notes 1. Organisation mondiale de la Santé. Worldwide prevalence on anaemia 1993-2005 Summary of the worldwide prevalence on anaemia [Consulté le 17 février 2011]. www.who.int |