Krill (huile)

Krill (huile)



L’huile de krill constitue une source d'acide eicosapentanoïque (AEP) et d'acide docosahexanoïque (ADH), deux substances qui font partie de la famille des acides gras oméga-3. Pour en savoir plus, consulter notre fiche Oméga-3 et oméga-6.

Indications

Efficacité incertaine

Soulager les symptômes du syndrome prémenstruel et les douleurs menstruelles; réduire les taux de triglycérides et de cholestérol; réduire l’inflammation; soulager les symptômes de l’arthrite.

Voir la légende des symboles

Posologie

Les données sont insuffisantes pour suggérer un dosage (voir la section Recherches).

Description de l’huile de krill

Krill (huile) Le krill est une petite crevette dont la taille varie de 0,6 cm à 10 cm. Son corps est translucide et ses organes sont luminescents, ce qui le rend particulièrement visible dans l’océan. On le trouve essentiellement dans les eaux froides de l’Antarctique.

En norvégien, krill veut dire « nourriture de baleine ». Les baleiniers ont en effet créé ce mot pour désigner les nuées de minuscules crustacés qui forment les bancs de zooplancton. Ce dernier est une importante source d’aliments pour les baleines, les phoques, les manchots et les oiseaux marins. Bien qu’il existe plusieurs espèces de ces mini-crustacés, Euphausia superba est l’espèce qui fait actuellement l’objet d’une importante pêche à l’échelle industrielle.

La teneur en acides gras oméga-3 de l’huile de krill est généralement un peu plus faible que celle des huiles de poisson actuellement offertes dans le commerce. Elle contient 75 mg d’AEP et 45 mg de ADH par capsule de 500 mg, contre 90 mg d’AEP et 60 mg de ADH pour les huiles de poisson. Mais l’huile de krill renferme également des phospholipides, environ 40 % selon le fabricant, et des antioxydants dont l’activité antioxydante serait beaucoup plus élevée que celle des huiles de poisson. Ces substances lui confèrent une efficacité accrue : les antioxydants contribuent à préserver l’intégrité des fragiles acides gras oméga-3 et les phospholipides assurent leur transport vers les sites où ils sont utiles, c’est-à-dire dans les membranes des cellules.

La teneur en acides gras oméga-3 de l’huile de krill devrait lui conférer des propriétés semblables à celles des huiles de poisson pour soulager les symptômes de la polyarthrite rhumatoïde, réduire les rechutes et les risques de décès après un infarctus du myocarde, réduire les taux de triglycérides sanguins et prévenir plusieurs troubles cardiovasculaires.

L’antioxydant principal de l’huile de krill est l’astaxanthine (0,75 mg par capsule de 500 mg), un composé de la famille des caroténoïdes. C’est cette substance qui confère aux carapaces des crustacés et à la chair du saumon et de la truite leur coloration rougeâtre typique. L’astaxanthine est un puissant antioxydant qui pourrait notamment avoir un effet protecteur contre les effets nocifs des rayons ultraviolets et jouer un rôle dans le processus anti-inflammatoire1.

Outre son huile, le krill renferme des protéines et des enzymes qui font l’objet de quelques utilisations industrielles : nourriture pour les poissons d’élevage, protéines pour la formulation de substituts de repas pour les personnes désirant perdre du poids ou de suppléments destinés aux athlètes, enzymes pour améliorer la digestion ou, en application topique, pour le débridement d’une plaie ou d’un ulcère cutané2.

Krill sous surveillance

C’est dans les eaux froides de l’Antarctique, périodiquement recouvertes par la glace et relativement peu polluées, que le krill trouve les meilleures conditions de reproduction et de croissance. Les petits crustacés y sont à l’abri de la plupart des polluants présents dans les autres océans de la planète. Cependant, des scientifiques ont récemment trouvé des quantités notables d’hexachlorobenzène (HCB) dans des stocks de krill de l’Antartique3. Le taux de contamination n’a pas été jugé inquiétant pour la santé humaine, mais les chercheurs ont conclu à la nécessité d’une surveillance dans ce domaine. Le HCB est un dérivé du DDT, insecticide encore employé dans l’hémisphère Sud pour contrer la reproduction des moustiques responsables de la transmission de la malaria (paludisme).

La Commission pour la protection de la faune et de la flore antarctique marine, un organisme international basé en Australie, estime que le volume actuel des récoltes de krill (moins de 100 000 tonnes par an en 2004) est largement inférieur à la quantité qui mettrait l’espèce en danger, soit environ quatre millions de tonnes par an. Il s’agit donc, pour l’instant, d’une ressource abondante.

Toutefois, plusieurs éléments pourraient faire augmenter la récolte de façon radicale : les derniers progrès technologiques en matière de pêche au krill (bateaux-usines plus performants); la multiplication des fermes de poisson d’élevage dans le monde (le krill y sert souvent de nourriture), la création de produits pharmaceutiques ou de produits de santé naturels à base de krill.

Les autorités internationales surveillent donc de très près cette industrie et le volume des prises est réglementé depuis 1993. On veut assurer la viabilité à long terme des populations de krill et éviter de menacer les espèces animales qui s’en nourrissent. Sans compter que l’on ignore encore quel sera l’effet du réchauffement climatique sur les colonies de krill de l’Antarctique.

Historique de l’huile de krill

En Asie, en Russie et dans certains des pays de l’ex-URSS, les humains consomment depuis longtemps le krill séché. Au Japon, on le nomme okiami et il sert surtout comme ingrédient dans les soupes, les salades de fruits de mer et certaines entrées. Les Japonais considèrent le krill frais comme un aliment fin de haute gastronomie. Mais la plus grande part des prises mondiales de krill va à l’industrie de l’aquaculture (élevage des poissons), qui s’est considérablement développée ces dernières années en raison de la diminution des stocks de poissons sauvages.

Quant à la vogue de l’huile de krill, qui est plus récente, elle s’est surtout accentuée à partir de l’an 2000. Cette année-là, des chercheurs de l’Université de Sherbrooke (au Québec) ont mis au point un procédé d’extraction permettant de préserver une plus grande proportion des acides gras essentiels, des phospholipides et de l’astaxanthine du krill4. Ce procédé est breveté par la firme québécoise Neptune Technologies & Bioressources qui commercialise l’huile de krill de marque Neptune Krill Oil® (NKO®) (Oemine Krill® en Europe). Depuis quelques années, d’autres fabricants proposent aussi de l’huile de krill, notamment la firme norvégienne Aker Biomarine et la compagnie californienne Cyvex Nutrition.

Recherches sur l’huile de krill

Les essais cliniques mentionnés ci-dessous ont été effectués avec le produit NKO® (Neptune Krill Oil).

Efficacité incertaine Syndrome prémenstruel (SPM) et menstruations douloureuses (dysménorrhée). Au cours d’un essai à double insu mené auprès de 70 femmes, on a comparé les effets d’huiles de poisson (renfermant 18 % d’AEP et 12 % de ADH) à ceux de l’huile de krill sur les symptômes du syndrome prémenstruel et les douleurs menstruelles5. Au cours du premier mois, les patientes ont pris 2 g par jour d’huile de krill ou d’huiles de poisson. Au cours des deux mois suivants, elles ont pris le même dosage, mais seulement durant les huit jours précédant leurs menstruations et les deux jours suivants.

Les participantes avaient aussi la consigne de suivre un régime alimentaire composé de 40 % d’hydrates de carbone, de 40 % de protéines et de 20 % de matières grasses, des modifications qui peuvent, à elles seules, avoir un effet positif sur le syndrome prémenstruel, selon Hélène Baribeau, diététiste-nutritionniste. Les résultats indiquent que l’huile de krill a contribué à soulager les symptômes de la dysménorrhée de même que les manifestations émotionnelles associées au syndrome prémenstruel de façon plus efficace que les huiles de poisson.

Efficacité incertaine Taux de triglycérides et de cholestérol. Au cours d’un essai comparatif, 120 sujets souffrant d’hypercholestérolémie et d’hypertriglycéridémie ont été séparés en quatre groupes6. Les participants ont pris chaque jour soit un placebo soit un des traitements suivants durant trois mois : 2 g ou 3 g d’huile de krill (selon le poids des sujets), 1 g ou 1,5 g d’huile de krill, 3 g d’huiles de poisson.

Après trois mois, le taux de cholestérol total des sujets ayant pris 2 g ou 3 g d’huile de krill par jour avait diminué, en moyenne, de 18 %, contre 13 % (1 g ou 1,5 g d’huile de krill) et 5,9 % (3 g d’huile de poisson). Dans le groupe placebo, le taux de cholestérol avait augmenté de 9,1 %. L’huile de krill, à raison de 2 g ou 3 g par jour, a également réduit le taux de triglycérides sanguin de 27 % en moyenne, soit de façon beaucoup plus nette que l’huile de poisson (-3,15 %) et que le placebo (-9,88 %).

Toujours au cours de cette étude6, les chercheurs ont aussi constaté un très léger effet positif sur le taux de glucose sanguin, soit une diminution de 6 % en moyenne dans les deux groupes recevant de l’huile de krill, contre 3,3 % dans le cas des huiles de poisson et aucune variation dans le cas du groupe placebo.

Efficacité incertaine Troubles inflammatoires. En Ontario, on a mené un essai à double insu avec placebo auprès de 90 patients. Ces derniers souffraient de troubles cardiovasculaires, d’arthrite rhumatoïde ou d’arthrose et présentaient tous des signes cliniques d’inflammation chronique7. Durant l’étude, les participants ont cessé de prendre les anti-inflammatoires qu’ils prenaient normalement. Les chercheurs ont mesuré les taux de la protéine C réactive (CRP) chez les patients, un marqueur physiologique des processus inflammatoires. Les résultats indiquent qu’au bout de 30 jours, les taux de CRP avaient diminué d’environ 30 % chez les sujets du groupe ayant pris de l’huile de krill (300 mg par jour) et avaient augmenté d’un peu plus de 25 % chez ceux du groupe placebo. Un questionnaire normalisé visant à mesurer les symptômes associés à l’arthrose (WOMAC) a été rempli avant, durant et à la fin de l’essai : la douleur, la raideur et les incapacités physiques étaient nettement moindres chez les sujets du groupe actif après un mois de traitement. Ces résultats sont encourageants, mais restent préliminaires, car ils n’ont pas été confirmés par d’autres études.

Divers. Certains chercheurs pensent que l’huile de krill pourrait s’avérer utile pour le traitement de divers désordres psychiques (dépression, troubles bipolaires, autisme, par exemple). Théoriquement, les phospholipides que renferme l’huile de krill permettraient aux oméga-3 qui la composent de traverser la barrière naturelle qui les empêche normalement de pénétrer dans les neurones du système nerveux central. Un certain nombre d’études sur des animaux8 indiquent que cette piste pourrait être intéressante. Cependant, faute d’essais sur les humains, on ne peut actuellement conclure à l’efficacité de l’huile de krill à cet égard.

Précautions

Contre-indications

  • Les personnes sujettes aux ecchymoses, ainsi que celles qui souffrent de problèmes sanguins ou qui prennent des médicaments anticoagulants doivent éviter les dosages élevés de suppléments qui renferment de l’AEP et de l’ADH.
  • Les personnes allergiques aux fruits de mer pourraient souffrir de réactions allergiques en ingérant de l’huile de krill.

Effets indésirables

  • À fortes doses, les oméga-3 peuvent provoquer des nausées et un ramollissement des selles.
  • Comme les oméga-3 d'origine marine agissent sur la fluidité du sang, une forte consommation pourrait provoquer des saignements de nez chez certaines personnes.

Interactions

Avec des plantes ou des suppléments

  • À cause de sa teneur en acides gras oméga-3, l'huile de krill, prise à très hautes doses, pourrait augmenter l'effet des plantes qui ont des effets anticoagulants, notamment l'ail et le ginkgo.

Avec des médicaments

  • Anticoagulants. Les effets des oméga-3 d’origine marine, à raison de plus de 4 g d’AEP/ADH par jour, peuvent s’ajouter à ceux des médicaments de synthèse qui ont une action anticoagulante ou antiplaquettaire (warfarine, héparine, par exemple).
  • Hypoglycémiants. Au cours d’une étude clinique, on a observé que l’huile de krill pouvait réduire très légèrement le taux de glucose sanguin chez des sujets souffrant d’hyperlipidémie6. Cependant, les données issues de nombreux essais cliniques indiquent que les huiles de poisson, aux dosages habituellement recommandés, n’interfèrent pas avec les médicaments qui contrôlent le taux de sucre chez les diabétiques9,10. Rien ne laisse donc croire que l’huile de krill puisse avoir un effet important sur la glycémie.

L'avis de notre nutritionniste sur l’huile de krill

Le krill est, à la base, un aliment très nutritif et complet, ce qui fait de son huile un produit intéressant. Bien sûr, cette huile ne contient pas tous les constituants du krill, mais elle a l’avantage d’en concentrer certains, notamment les acides gras oméga-3 (AEP et ADH) et les phospholipides.

De plus, à la lumière des connaissances actuelles, l’huile de krill semble se démarquer nettement des huiles de poisson par sa teneur élevée en antioxydants. Ainsi, pour un seul gramme, soit environ ¼ c. à thé ou 1 ml, elle a une valeur antioxydante de 378 (mesurée grâce à la méthode ORAC – Oxygen radical absorption capacity - capacité d'absorption des radicaux libres de l'oxygène). Cette valeur antioxydante se rapproche de celle d’un kiwi, soit 380.

Voilà donc un produit prometteur, mais pour lequel, contrairement aux huiles de poisson, les données scientifiques sont encore insuffisantes. De plus, il faut le surveiller de près en ce qui a trait à sa possible contamination à l’hexachlorobenzène (HCB), un polluant toxique présent, entre autres, dans les eaux de l’Antarctique.

 

Hélène Baribeau, diététiste-nutritionniste
Janvier 2009

Sur les tablettes

  • Les suppléments d’huile de krill coûtent plus cher que la plupart des suppléments d’huiles de poisson. Ils sont généralement vendus en capsules de 500 mg.
  • En plus de l’huile de krill, on trouve dans le commerce de la poudre de krill séché. Il s’agit essentiellement de protéines de krill riches en acides aminés et en enzymes. On ne peut attribuer à ce produit les effets qu’on attribue à l’huile de krill.

 

Fiche mise à jour : janvier 2009

 

Références

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Bibliographie

Commission pour la protection de la faune et de la flore antarctique marine (Australie). Campagne CCAMLR-2000 d’évaluation synoptique du krill. [Consulté le 13 novembre 2008] www.ccamlr.org
Higuera-Ciapara I, Félix-Valenzuela L, Goycoolea FM. Astaxanthin: a review of its chemistry and applications. Crit Rev Food Sci Nutr. 2006;46(2):185-96.
KriaXanthin (Fabricant d’huile de krill). Cyvex Nutrition Inc. États-Unis, 2008. [Consulté le 13 novembre 2008]. www.cyvex.com
National Library of Medicine (Ed). PubMed, NCBI. [Consulté le 13 novembre 2008]. www.ncbi.nlm.nih.gov
Neptune Technologies & Bioressources Inc. (Fabricant d’huile de krill). Canada, 2004. [Consulté le 12 novembre 2008]. www.neptunebiotech.com
Superba™ Krill Oil (Fabricant d’huile de krill). Aker BioMarine. Norvège 2008. [Consulté le 12 novembre 2008]. www.superbakrill.com
The Natural Pharmacist (Ed). Natural Products Encyclopedia, Herbs & Supplements – Krill Oil, ConsumerLab.com. [Consulté le 12 novembre 2008]. www.consumerlab.com
Therapeutic Research Faculty (Ed). Krill Oil, Natural Medicines Comprehensive Database. [Consulté le 12 novembre 2008]. www.naturaldatabase.com

Notes

1. Guerin M, Huntley ME, Olaizola M. Haematococcus astaxanthin: applications for human health and nutrition. Trends Biotech. 2003; May 21(5):210-216.
2. Westerhof W, van Ginkel CJ, et al. Prospective randomized study comparing the debriding effect of krill enzymes and a non-enzymatic treatment in venous leg ulcers.Dermatologica. 1990;181(4):293-7.
3. Bengtson Nash SM, et al. Persistent organohalogen contaminant burdens in Antarctic krill (Euphausia superba) from the eastern Antarctic sector: A baseline study. Sci Total Environ. 2008 Oct 9.
4. Beaudoin A, Martin G. Procédé d'extraction de l'huile de krill ou de calanus ou de crustacés. Université de Sherbrooke. Canada, 2000. [consulté le 13 novembre 2008]. www.usherbrooke.ca
5. Sampalis F, Bunea R, et al. Evaluation of the effects of Neptune Krill Oil on the management of premenstrual syndrome and dysmenorrhea.Altern Med Rev. 2003 May;8(2):171-9. Texte intégral : www.thorne.com
6. Bunea R, El Farrah K, Deutsch L. Evaluation of the Effects of Neptune Krill Oil on the Clinical Course of Hyperlipidemia, Alternative Medicine Review, Décembre 2004, Vol. 9, No 4, 420-8. Texte intégral : www.thorne.com
7. Deutsch L. Evaluation of the effect of Neptune Krill Oil on chronic inflammation and arthritic symptoms. J Am Coll Nutr. 2007 Feb;26(1):39-48. Texte intégral: www.neptunebiotech.com
8. Kidd PM. Omega-3 DHA and EPA for cognition, behavior, and mood: clinical findings and structural-functional synergies with cell membrane phospholipids. Altern Med Rev. 2007 Sep;12(3):207-27. Texte intégral: www.thorne.com
9. Friedberg CE, Janssen MJ, et al. Fish oil and glycemic control in diabetes. A meta-analysis.Diabetes Care. 1998 Apr;21(4):494-500. Texte intégral [Document PDF consulté le 9 mai 2006] : http://care.diabetesjournals.org
10. Farmer A, Montori V, et al. Fish oil in people with type 2 diabetes mellitus. Cochrane Database Syst Rev. 2001;(3):CD003205. Review.