Autres noms : Multisuppléments, multis.
Prévenir le cancer et les maladies cardiaques. |
Au besoin. Voir l'avis de notre nutritionniste.
Les auteurs d'une synthèse publiée en 2002 concluent que, par mesure de prudence, tous les adultes devraient prendre quotidiennement une multivitamine afin de prévenir certaines maladies comme le cancer, les maladies cardiovasculaires et l'ostéoporose1,2. En effet, selon eux, le régime alimentaire d'une bonne partie de la population américaine ne fournit pas les quantités optimales de vitamines et minéraux nécessaires au maintien d'une bonne santé. Ils soulignent que les suppléments de multivitamines constituent un moyen économique et sécuritaire de combler les besoins de la population. Une position que partagent d'autres scientifiques, dont Dr Walter Willett, directeur du Département de nutrition de l’école de santé publique de l’Université Harvard, qui a conçu sa propre pyramide alimentaire dans laquelle il inclut la prise quotidienne de multivitamines3.
Les autorités médicales américaines sont moins convaincues. Toutefois, selon les National Institutes of Health, si l’ensemble des données sur les multivitamines ne permet pas de recommander d’en prendre, elles ne permettent pas non plus de les déconseiller4.
Selon des experts de la School of Public Health de l’Université de Californie, les gens qui prennent des multivitamines sont généralement ceux qui en ont le moins besoin41. Par contre, ils recommandent la prise d’une multivitamine ne fournissant pas plus que les apports nutritionnels recommandés aux personnes suivantes :
- les gens de plus de 60 ans;
- les femmes en âge d’avoir un enfant;
- les femmes enceintes ou qui allaitent;
- les végétaliens (régime végétarien strict, sans aucun produit animal);
- les gros fumeurs;
- les gros buveurs;
- les gens suivant un régime amaigrissant;
- les gens dont le régime alimentaire n’est pas équilibré.
Le terme multivitamines employé dans cette fiche désigne une combinaison de plusieurs vitamines et minéraux à doses nutritionnelles. Ces suppléments contiennent une concentration de nutriments correspondant à environ de 0,5 à 2 fois les apports nutritionnels recommandés (ANR)5.
Note. D’autres types de multivitamines sur le marché contiennent des doses beaucoup plus élevées. Elles ne sont pas traitées dans cette fiche et leur usage demande le suivi d'un professionnel de la santé.
Au chapitre des vitamines et des minéraux, les autorités médicales des pays occidentaux établissent des apports nutritionnels de référence (ANREF) qui servent de guide en matière de nutrition et de santé. Bien que ces ANREF soient fondés sur des données scientifiques, il faut admettre que le processus qui permet de les fixer est loin d'être une science exacte.
Ces données sont d'ailleurs régulièrement revues et modifiées à la hausse ou à la baisse, et les recommandations des experts varient parfois d'un pays à l'autre. Bien qu'il soit relativement facile de déterminer, pour un nutriment donné, l'apport minimal en deçà duquel une carence et la maladie peuvent apparaître, il est moins aisé de déterminer avec précision quelle serait la quantité optimale qu'on devrait consommer pour s'assurer un état de santé idéal.
Dans le cadre d'une démarche d'uniformisation, les autorités médicales américaines et canadiennes ont déterminé conjointement les apports suivants :
Ces données de référence constituent une sorte de fourchette à l'intérieur de laquelle devraient se situer les apports en nutriments essentiels.
Comparez les étiquettes des multivitamines. Afin de mieux comprendre et interpréter l'étiquette d'un produit, on peut se reporter aux tableaux ci-dessous, qui présentent les apports nutritionnels recommandés de plusieurs des vitamines et minéraux que renferment, le plus souvent, les préparations du commerce. Sans être absolument complet, ce tableau couvre l'essentiel du contenu des suppléments offerts. |
Vitamines : apports nutritionnels recommandés (ANR), pour les adultes
Vitamine | Hommes | Femmes |
Vitamine A | 3 000 UI/900 µg | 2 333 UI/700 µg |
Thiamine (B1) | 1,2 mg | 1,1 mg |
Riboflavine (B2) | 1,3 mg | 1,1 mg |
Niacine (B3) | 16 mg | 14 mg |
Pyridoxine (B6) | 1,3 mg | 1,3 mg |
Acide folique (B9) | 400 µg | 400 µg |
Vitamine B12 | 2,4 µg | 2,4 µg |
Vitamine C | 90 mg | 75 mg |
Vitamine D | de 0 à 1 an : 400 UI/10 µg | de 0 à 1 an : 400 UI/10 µg |
Vitamine E | 15 mg | 15 mg |
Vitamine K* | 120 µg | 90 µg |
Source : Food and Nutrition Board, Institute of Medicine, USA. Ces données sont le résultat d'un consensus entre les autorités canadiennes et américaines.
UI : unité internationale
1 µg = 1 microgramme = 1 millionième de gramme
*En l'absence de données scientifiques suffisantes, les autorités ont fixé, non pas un apport nutritionnel recommandé, mais un apport suffisant, qui repose sur les apports moyens observés chez les Nord-Américains en bonne santé.
Minéraux : apports nutritionnels recommandés (ANR) pour les adultes
Minéraux | Hommes | Femmes |
Calcium | de 19 à 70 ans : 1 000 mg | de 19 à 50 ans : 1 000 mg |
Chrome* | 35 µg | 25 µg |
Cuivre | 900 µg | 900 µg |
Fer | 8 mg | 18 mg |
Iode | 150 µg | 150 µg |
Magnésium | de 19 à 30 ans : 400 mg | de 19 à 30 ans : 310 mg |
Manganèse* | 2,3 mg | 1,8 mg |
Sélénium | 55 µg | 55 µg |
Zinc | 11 mg | 8 mg |
Source : Institute of Medicine, Food and Nutrition Board. Ces données sont le résultat d'un consensus entre les autorités canadiennes et américaines.
1 µg = 1 microgramme = 1 millionième de gramme
*En l'absence de données scientifiques suffisantes, les autorités ont fixé, non pas un apport nutritionnel recommandé (ANR), mais un apport suffisant (AS). L'apport suffisant repose sur les apports moyens observés chez les Nord-Américains en bonne santé.
Au cours des dernières années, les résultats de plusieurs études épidémiologiques et de quelques études cliniques de longue durée sur l’effet des multivitamines ont été publiés. Dans l’ensemble, ils ne sont pas concluants. |
Études épidémiologiques chez les femmes. Les données des études de grande envergure les plus récentes indiquent que la prise de multivitamines durant 10 ans n’a pas eu d’effet positif ou négatif sur le risque de cancer colorectal8 ni sur le risque de cancer de la peau chez les femmes9.
Le volet épidémiologique de la Women's Health Initiative Study (WHI) a suivi plus de 160 000 femmes postménopausées. Les résultats indiquent qu’il n’y a pas eu de corrélation entre la prise de multivitamines durant 8 ans et le risque de cancer chez les femmes postménopausées11.
Chez des personnes âgées de 50 ans à 76 ans, la prise de multivitamines durant 10 ans n’a pas eu d’effet positif ou négatif sur le risque de cancer ou sur la mortalité par cancer10.
Études épidémiologiques chez les hommes. En ce qui concerne le risque de cancer de la prostate, l’heure juste est difficile à donner : certaines données pointent vers un risque accru12,13 chez les consommateurs de multivitamines, d’autres vers un impact nul14-16. C’est principalement au zinc contenu dans les suppléments et les multivitamines qu’on associe ce lien potentiel avec un cancer avancé ou fatal de la prostate13. La prise de hautes doses de multivitamines et d’autres suppléments est aussi mise en cause16.
Études épidémiologiques (hommes et femmes). Dans le cadre d’une étude d’observation, on a suivi 1 038 sujets atteints de cancer du côlon de stade III, durant un traitement post-chirurgical de chimiothérapie et 6 mois après. Il n’y a pas eu de différence de mortalité ou de progression du cancer entre les personnes ayant pris des multivitamines durant cette période et celles qui n’en ont pas pris40.
Essais cliniques (hommes et femmes). Un essai clinique à double insu avec placebo (SU.VI.MAX.) a été mené en France, pendant plus de 7 ans, auprès de 12 741 sujets âgés de 35 ans à 60 ans. Ses résultats indiquent que la prise de multivitamines à des doses nutritionnelles (ANR) pourrait diminuer l’incidence du cancer chez les hommes, mais pas chez les femmes20. Un autre essai clinique de grande envergure et de longue durée est en cours aussi aux États-Unis, auprès d’hommes (Physicians' Health Study II21).
Prévention des maladies cardiovasculaires
Études épidémiologiques chez les femmes. Le volet épidémiologique de la Women's Health Initiative Study a suivi plus de 160 000 femmes postménopausées. Les résultats indiquent qu’il n’y a pas eu de corrélation entre la prise de multivitamines durant 8 ans et le risque de maladies cardiovasculaires chez les femmes postménopausées11.
Un suivi de longue durée a été fait auprès de 34 000 Suédoises de 49 ans et plus. Les participantes qui étaient bonne santé au début de l’étude et qui ont pris des multivitamines ont vu diminuer de 27 % leur risque de subir un infarctus, comparativement à celles qui n’en avaient pas pris. Les femmes qui en avaient pris durant moins de 5 ans bénéficiaient d’une réduction du risque de l’ordre de 18 %, tandis que cette proportion grimpait à 40 % chez celles qui en avaient pris durant 10 ans. On n’a cependant vu aucun effet notable des multivitamines chez les femmes qui avaient déjà eu des troubles cardiovasculaires avant le début de l’étude6.
Essai clinique avec placebo (hommes et femmes). Au cours de l’essai SU.VI.MAX mené en France (12 741 sujets âgés de 35 ans à 60 ans), la prise de multivitamines à des doses nutritionnelles (ANR) durant 7 ans n’a pas eu d’effet sur l’incidence des maladies cardiovasculaires de type ischémique (artères coronaires obstruées), ni chez les hommes, ni chez les femmes20.
Note. Selon le pharmacien Jean-Yves Dionne, il est presque impossible de comparer l’effet d’une multivitamine à celui d’un placebo dans une étude clinique. « Dans le cas d’une étude sur un médicament, le groupe placebo est facile à déterminer puisque les individus qui le composent n’ont aucune trace du médicament dans leur organisme. [...] Si on étudie des vitamines, par exemple, les individus du groupe placebo n’en sont jamais exempts. [...] Comment peut-on obtenir une comparaison valide entre 2 groupes si le groupe placebo ne peut pas avoir de taux inexistants et s’il est possible que le groupe thérapeutique ait des taux inférieurs au groupe placebo? »37.
Certaines sources estiment que les personnes âgées sont celles qui ont le plus besoin de prendre des multivitamines à cause, notamment, d'un régime alimentaire inadéquat (manque d'appétit, difficulté de mastication, solitude, etc.) et d'une mauvaise absorption des nutriments22.
Des essais avec placebo indiquent que lorsque des personnes de 55 ans et plus prennent des multivitamines, leurs taux sanguins de certaines vitamines augmentent; ce qui pourrait avoir un effet bénéfique sur leur santé23-27. Fait intéressant, au cours d’une étude menée en Italie sur plus 1 000 sujets, l’augmentation des taux sanguins de vitamines a été plus prononcée chez les participants dont les taux sanguins étaient les plus faibles avant le début du traitement27.
Prévention des infections respiratoires. Dans l’ensemble, la prise de multivitamines ne semble pas avoir d’effet préventif sur les infections respiratoires chez les personnes âgées28-31. Toutefois, au cours d’un essai auprès de 130 sujets de 45 ans à 64 ans, les participants souffrant de diabète ayant pris durant 1 an une multivitamine ont eu nettement moins d'infections respiratoires et de grippes que les sujets diabétiques non traités32.
Au cours de l’essai le plus récent (2007), mené au Canada auprès de 748 sujets vivant en centre d’hébergement, les résultats n’ont pas été concluants non plus, mais dans un sous-groupe de participants non atteints de démence, ceux ayant pris une multivitamine durant 18 mois ont subi moins d’infections que ceux ayant pris un placebo33.
Prévention de la cataracte. Au cours d’un essai clinique mené en Chine, 2 141 personnes âgées de 45 ans à 74 ans ont pris chaque jour durant 5 ans soit un placebo, soit deux capsules de multivitamines et 15 mg de bêta-carotène34. Chez les personnes de 65 ans à 74 ans, il y a eu nettement moins de cataractes que chez celles du groupe placebo. On ne sait pas si ces résultats peuvent être extrapolés à une population différente.
Un essai plus récent mené en Italie a suivi 1 020 personnes de 55 ans à 75 ans durant 9 ans; les participants n’avaient pas de cataracte ou avaient un début de cataracte35 au début de l’étude. La prise d’une multivitamine a donné des résultats mitigés : d’une part, dans le groupe traité, il y a eu globalement moins de cataractes que dans le groupe placebo. Cependant, l’analyse des sous-types de cataractes a montré une baisse importante pour certains, mais une nette augmentation (jusqu’à 2 fois plus) pour d’autres.
Fonctions cognitives. Durant un essai clinique, 220 femmes âgées de 60 ans à 91 ans ont pris soit une multivitamine, soit un placebo durant 6 mois : il n’y a pas eu de différence dans les performances des participantes à des tests cognitifs36. Même constat au cours d’une étude plus récente menée en Écosse auprès de 910 sujets de 65 ans et plus suivis durant 1 an36. Dans les 2 cas, il s’agissait de personnes âgées en bonne santé et vivant dans la communauté.
Diabète. Selon une étude épidémiologique récente ayant suivi 232 000 sujets âgés, la prise de multivitamines n’est pas associée à une réduction du risque de diabète dans cette population, que l’usage soit faible (1 fois par semaine) ou fréquent (7 fois par semaine)7.
Malformations du foetus. On sait que la prise d'acide folique (vitamine B9) est efficace pour réduire la fréquence des malformations du tube neural. La consommation de multivitamines prénatales (elles contiennent généralement toutes au moins 400 µg d'acide folique) pourrait également prévenir d'autres malformations du foetus17. Chez les enfants Prévention du cancer. Les auteurs d’une méta-analyse de 7 études épidémiologiques ont conclu en 2007 que la prise de multivitamines durant la grossesse est associée à un risque moindre de tumeurs au cerveau, de tumeur du système nerveux sympathique (neuroblastome) et de leucémie chez les enfants18. Allergies. Chez les enfants, la prise de multivitamines durant les premières années de vie pourrait réduire le risque de souffrir d’allergies à l’âge scolaire, selon une étude épidémiologique faite auprès de 2 423 enfants américains19. Performance scolaire. Des enfants fréquentant l’école primaire aux États-Unis ont pris des multivitamines ou un placebo durant l’année scolaire. Il n’y a pas eu de différence entre les deux groupes au chapitre des résultats à un examen, des notes durant l’année scolaire et du nombre de jours d’absence39. |
Les multivitamines contenant l’équivalent des apports nutritionnels recommandés sont sans danger. Il faut cependant savoir que :
La nutritionniste Hélène Baribeau répond à toutes ces questions et donne son avis
Conseils d’achat des pharmaciens Jean-Yves Dionne et Michel Groleau
RéférencesNote : les liens hypertextes menant vers d'autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est possible qu'un lien devienne introuvable. Veuillez alors utiliser les outils de recherche pour retrouver l'information désirée. Bibliographie Chagnon Decelles D, Gélinas MD, Lavallée Côté L., et coll. Manuel de nutrition clinique, Ordre professionnel des diététistes du Québec, 2005. Photo : Réjean Poudrette Notes 1. Fletcher RH, Fairfield KM. Vitamins for chronic disease prevention in adults: clinical applications.JAMA. 2002 Jun 19;287(23):3127-9. |