Nom commun : rudbeckie pourpre.
Noms botaniques : Echinacea angustifolia, E. pallida, E. purpurea, famille des astéracées ou composées.
Noms anglais : Echinacea, American cone flower, snakeroot.
Parties utilisées : racines (E. pallida, E. angustifolia, E. purpurea) et parties aériennes (E. purpurea).
Habitat et origine : toutes les espèces d'échinacées sont originaires de l'Amérique du Nord. Trois d'entre elles présentent le même intérêt médicinal. Les peuplements naturels d’échinacée ont surtout colonisé les grandes plaines américaines sans traverser la frontière canadienne, au Nord, ou atteindre la frontière mexicaine, au Sud. De nos jours, on les cultive sous tous les climats tempérés, dans des endroits ensoleillés où le sol est riche et bien drainé.
Diminuer légèrement la durée et la gravité des symptômes du rhume. | ||
Prévenir les infections des voies respiratoires supérieures (rhume, sinusite, laryngite). Réduire la durée et la gravité des symptômes de la grippe. Réduire les effets indésirables de la radiothérapie et de la chimiothérapie. | ||
Usage interne - Traitement d’appoint des infections des voies respiratoires supérieures (rhume, sinusite, laryngite) et des voies urinaires. | ||
Traiter l’herpès. |
Par voie interne
Infection des voies respiratoires supérieures (nez, gorge, larynx).
Infection urinaire chronique (traitement d’appoint)
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Remarques La plupart des essais cliniques positifs ont été menés avec des préparations à base des parties aériennes d’E. purpurea ou des racines d’E. pallida. Cependant, la United States Pharmacopoeia, qui met au point des normes de fabrication pour l'industrie pharmaceutique et l'industrie des suppléments, reconnaît également la valeur des racines d’E. purpurea et d’E. angustifolia pour les mêmes usages. Les produits du commerce peuvent renfermer l'une ou l'autre de ces espèces, parfois en mélange. Selon Francis Brinker, un expert américain en plantes médicinales, les essais faits avec des extraits liquides d’E. purpurea entière (racines et parties aériennes) ont donné des résultats plus probants que ceux menés avec des extraits en comprimés ou en capsules. Sous forme liquide, ou de comprimés à laisser fondre dans la bouche, la plante a l’avantage d’agir directement et immédiatement sur les muqueuses de la bouche et de la gorge, ce qui la rendrait plus efficace en cas de rhume ou d’infection des voies respiratoires37. |
Par voie externe
Favoriser la guérison des blessures et des inflammations de la peau
Les Amérindiens qui habitaient dans les grandes plaines américaines à l'est des Rocheuses ont utilisé les espèces d'échinacées pour soigner une multitude de problèmes de santé, notamment les infections des voies respiratoires et les morsures de serpent. Durant des fouilles archéologiques menées sur des sites fréquentés par les Sioux Lakotas, on a découvert des semences d'échinacée datant du XVIIe siècle.
Les colons venus d'Europe ont adopté les usages médicinaux que les Amérindiens faisaient de l'échinacée et, dès 1800, tant les partisans de la médecine éclectique (XIXe siècle jusqu'au début du XXe siècle) que les médecins plus classiques utilisaient l'échinacée dans leur pratique clinique.
De 1916 à 1950, l'échinacée était inscrite sur la liste des ingrédients pharmaceutiques du Formulaire National des États-Unis. Par la suite, la plante est tombée en désuétude en raison de l'arrivée dans le commerce des antibiotiques de synthèse qu'on s'est mis à employer massivement pour traiter les infections autrefois soignées grâce à l'échinacée. Mais les médecins allemands, qui ont découvert la plante vers 1920, continuent à l'utiliser dans leur pratique clinique.
En 1938, le médecin allemand Gerhard Madaus entreprend la première série d'études scientifiques portant sur l'échinacée. Ironiquement, c'est en Allemagne que se fera le plus gros de la recherche scientifique sur cette plante d'origine américaine. Elle y devint d'ailleurs tellement populaire que les approvisionnements en provenance des États-Unis vinrent à manquer et que Madaus décida de l'implanter en Europe en la faisant cultiver à grande échelle.
De nos jours, l’échinacée connaît un regain d’intérêt en Amérique du Nord, en partie à cause du développement de la résistance des micro-organismes aux antibiotiques.
Réduction de la durée et de la gravité des symptômes du rhume. En décembre 2010, une étude auprès de 719 sujets a donné des résultats non concluants autant d’un point de vue statistique que clinique12. Chez les personnes ayant pris de l’échinacée, les symptômes du rhume ont duré 1 demi-journée de moins que chez celles ayant pris un placebo ou celles n’ayant reçu aucun traitement. Comme le fait remarquer l’éditeur de la revue ayant publié cet essai : « il est peu probable que cette étude mette fin à la controverse au sujet de l’efficacité de l’échinacée pour traiter le rhume. »
En effet, les auteurs de synthèse d'études cliniques et d’une méta-analyse publiées en 1999 et 2000 avaient conclu que, malgré quelques essais peu probants, la majorité des études répertoriées avaient donné des résultats positifs1-3. Mais de 2002 à 2005, quelques autres études cliniques ont jeté un doute sur l’efficacité des produits à base d’échinacée5-9. Puis, en 200610 et en 200711, 2 méta-analyses concluaient que, malgré certains résultats non probants, un traitement à l’échinacée permettait de diminuer légèrement l’intensité des symptômes du rhume (congestion, écoulement nasal, mal de gorge, maux de tête, faiblesse et frissons), et de réduire leur durée de 1,4 jour en moyenne.
Extrait liquide ou solide? Francis Brinker, un expert américain en plantes médicinales, souligne que dans l’essai publié en décembre 201012, on a utilisé un extrait normalisé sous forme de comprimés contenant de la racine d’échinacée (E. purpurea et E. angustifolia). Selon lui, les essais fait avec des extraits liquides d’E. purpurea entière (racines et parties aériennes) ont donné des résultats plus probants. Sous cette forme, ou sous forme de comprimés ou de losanges à laisser fondre dans la bouche, la plante a l’avantage supplémentaire d’agir directement et immédiatement sur les muqueuses de la bouche et de la gorge, ce qui la rendrait plus efficace en cas de rhume ou d’infection des voies respiratoires 37. Francis Brinker précise aussi que les comprimés ou les capsules devraient plutôt être utilisés en prévention, car l’effet de l’échinacée sur le système immunitaire prend du temps à se manifester37. |
Mal de gorge et otites. En 2009, une étude clinique a montré que des pulvérisations d’extraits combinés d’échinacée et de sauge (Spray A.Vogel pour la gorge®) étaient aussi efficaces que celles d’un médicament classique à base de chlohexidine et de lidocaïne (collunosol N®), pour atténuer le mal de gorge provoqué par une pharyngite aigüe13. En ce qui concerne d’éventuelles complications du rhume, comme les otites, fréquentes chez les enfants, l’échinacée ne semble pas avoir d’influence sur leur apparition14.
Prévention du rhume. Les données se contredisent à ce chapitre. En 2006 une méta-analyse a conclu que les données des 3 études cliniques retenues n’étaient pas assez solides pour établir l’efficacité de l’échinacée10. En 2007, les auteurs d’une méta-analyse sont arrivés à un constat différent après avoir scruté 9 essais : l’échinacée a réduit la fréquence du rhume de 58 % en moyenne. Cependant, son efficacité a varié selon les individus, le virus responsable du rhume et la préparation utilisée11.
En 2004, une étude menée auprès de 430 enfants âgés de 1 an à 5 ans a montré qu’une préparation liquide renfermant de l’échinacée, de la propolis et de la vitamine C avait eu un effet préventif sur l’incidence des infections des voies respiratoires15. Il est cependant difficile d’attribuer ces résultats à l’échinacée seule, puisque les autres ingrédients ont également des propriétés immunostimulantes.
On ne connaît pas tous les secrets de l’échinacée, mais les ingrédients actifs suivants sont considérés comme les plus importants pour la modulation du système immunitaire : les alkylamides, l’acide cichorique et les polysaccharides. |
Grippe. Les données scientifiques sont insuffisantes pour conclure à l’efficacité de l’échinacée pour prévenir la grippe (influenza) ou en réduire les symptômes.
Prévention de la leucopénie causée par la radiothérapie ou la chimiothérapie. Vers la fin des années 1980, des chercheurs allemands lançaient une série d'essais cliniques préliminaires qui visaient à déterminer si une préparation contenant des extraits d'échinacée, de thuya et d'indigo sauvage (Esberitox®) pouvait minimiser les effets indésirables de la radiothérapie, particulièrement pour ce qui est de la chute des taux de globules blancs (leucopénie). Les résultats furent mitigés16,17.
Divers. Puisque de nombreuses études in vitro ou sur des animaux avançaient que l'échinacée stimulait le système immunitaire de diverses manières, notamment en détruisant les cellules cancéreuses18-20, des chercheurs se sont intéressés à la possible utilité de la plante pour combattre le cancer. Les rares essais cliniques sur des humains n’ont cependant pas permis d'établir un protocole de traitement à la fois sûr et efficace21-23. L’échinacée pourrait également avoir un effet protecteur contre les radiations, selon une étude effectuée sur les victimes de Tchernobyl24.
Malgré des allégations voulant que l'échinacée serait efficace pour traiter l'herpès génital, au cours d’une étude clinique croisée menée auprès de 50 sujets souffrant de crises récurrentes fréquentes, les chercheurs n’ont pas observé de différence significative entre les effets du traitement à l'échinacée et ceux du placebo25.
La Commission E allemande reconnaît l'usage de l'échinacée comme traitement d'appoint des infections des voies respiratoires (rhume, laryngite, sinusite, etc) et des voies urinaires, ainsi que son usage topique pour traiter les ulcères chroniques et les plaies cutanées qui guérissent mal. Ces indications sont, dans l'ensemble, également confirmées par l'Organisation mondiale de la Santé et l'ESCOP. L’ESCOP reconnaît aussi l’usage de l’échinacée pour prévenir le rhume.
La Commission E, l’ESCOP et l’OMS recommandent d'éviter l'échinacée en cas de maladie systémique comme le sida et la tuberculose, et de maladies auto-immunes (sclérose en plaques, collagénose, lupus, etc.) à cause de l'effet possible de la plante sur le système immunitaire. Cette recommandation ne repose pas sur des résultats d'études, mais sur une extrapolation théorique.
En se basant sur les plus récentes analyses des principes actifs et de la biodisponibilité de l'échinacée, Kerry Bone, un expert australien, considère que non seulement les limitations indiquées dans les monographies de la Commission E ne sont pas justifiées, mais que, de plus, les personnes atteintes de maladies auto-immunes telles l'arthrite et le lupus pourraient bénéficier de l'effet normalisateur de l'échinacée31. D'après Kerry Bone et Marc Blumenthal (directeur de l'American Botanical Council), l'usage de l'échinacée ne serait pas contre-indiqué en cas d'infection au VIH. Cependant, il est important que les patients comprennent que cette plante ne traite pas le VIH31.
L’échinacée est-elle utile en prévention des infections respiratoires? Malgré les résultats contradictoires des recherches, un grand nombre de personnes utilisent l’échinacée pour prévenir le rhume et la grippe. Il semble pourtant que son efficacité à long terme diminue, du fait d'un phénomène de tolérance. Selon les études, l’efficacité de l’échinacée diminue au bout d'environ 3 mois et les utilisateurs contracteraient par la suite plus de rhumes que les personnes du groupe placebo. Ce fait pourrait s’expliquer de 2 façons : L’échinacée peut-elle demeurer bénéfique en prévention? Selon ces deux hypothèses, qui sont basées sur les mécanismes d’action de l’échinacée, il suffirait de prévoir ce qu’on appelle des « congés thérapeutiques ». Par exemple, prendre une dose d’échinacée tous les jours sauf la fin de semaine, moment où les risques de contagion par « promiscuité » sont moins grands. On peut aussi n’en prendre que 3 semaines par mois. Ainsi, l'organisme bénéficie d’une période de répit lui permettant de perdre sa tolérance ou de se reposer de la « surstimulation ». Pour la prévention, la plupart des auteurs recommandent de ne prendre qu’une dose par jour (l'équivalent de 1 g de la plante). Pour un effet thérapeutique, on recommande 3 doses par jour.
Jean-Yves Dionne, BSc Pharm |
RéférencesNote : les liens hypertextes menant vers d'autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est possible qu'un lien devienne introuvable. Veuillez alors utiliser les outils de recherche pour retrouver l'information désirée. Bibliographie Barrett B. Echinacea: Safety Review. HerbalGram No.57, États-Unis, 2003. Notes 1. Barrett B, Vohmann M, Calabrese C. Echinacea for upper respiratory infection.J Fam Pract 1999 Aug;48(8):628-35. |