Valériane

Valériane



Noms communs : guérit-tout, herbe aux chats, herbe à la femme meurtrie, herbe à la menstrue et, plus récemment, valium végétal.
Nom botanique :
Valeriana officinalis, famille des valérianacées.
Nom anglais :
valerian.

Parties utilisées : racine et rhizome.
Habitat et origine :
originaire d'Europe et d'Asie du Nord, elle s'est rapidement naturalisée un peu partout, y compris en Amérique du Nord. Elle aime les sols humides et riches en minéraux.

Indications

Efficacité incertaine

Usage reconnu

Traiter les troubles du sommeil, l'anxiété et l'agitation nerveuse.

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Pour plus détails, voir la section Recherches sur la valériane.

Posologie de la valériane

Par voie interne

Troubles du sommeil

  • Racine séchée : infuser de 2 g à 3 g, pendant 5 à 10 min, dans 150 ml d'eau bouillante. Prendre de 30 à 60 minutes avant de se coucher.
  • Teinture (1:5) : prendre de 4 ml à 6 ml, 30 à 60 minutes avant de se coucher.
  • Extrait normalisé (0,8 % d'acide valérinique ou valérique, 1-1,5 % de valtrates) : prendre de 400 mg à 600 mg, 30 à 60 minutes avant de se coucher.

Agitation nerveuse, anxiété

  • Racine séchée : infuser de 2 g à 3 g, pendant 5 à 10 min, dans 150 ml d'eau bouillante. Prendre jusqu’à 5 fois par jour.
  • Teinture (1:5) : prendre de 1 ml à 3 ml, jusqu’à 5 fois par jour.
  • Extrait normalisé (0,8 % d'acide valérinique ou valérique, 1-1,5 % de valtrates) : prendre de 250 mg à 400 mg, 3 fois par jour.

Notes. Certaines sources mentionnent qu'il faut parfois prendre la plante pendant 2 à 4 semaines avant d'en ressentir pleinement les bienfaits, notamment en cas d'insomnie chronique.

Contrairement à ce qui se produit souvent avec les somnifères de synthèse, la prise de valériane au coucher et aux doses recommandées ne procure habituellement pas de sensation de « lendemain de veille » au lever21,22.

Par voie externe

  • Bain calmant : Infuser 100 g de racines séchées dans 2 litres d'eau bouillante et ajouter à l'eau bien chaude de la baignoire.

Historique de la valériane

Les médecins de la Grèce antique, Hippocrate, Dioscoride et Galen, prescrivaient la valériane pour traiter l'insomnie. En grec ancien, le nom de la plante était « Phu », une allusion à l'odeur désagréable qui se dégage des racines séchées et des fleurs fanées. Les anciens Romains l'employaient pour combattre les palpitations et l'arythmie. Au Moyen Âge, la célèbre abbesse et herboriste allemande Hildegarde de Bingen recommandait la valériane comme tranquillisant et somnifère.

Dès la fin du XVIe siècle, les Européens ont commencé à l'employer pour soigner l'épilepsie. De leur côté, les Amérindiens calmaient les convulsions épileptiques en prisant de la poudre de racines de valériane et l'utilisaient également pour soigner les blessures. Durant la Première Guerre mondiale, les Européens ont pris de grandes quantités de valériane pour calmer la nervosité causée par les bombardements. De nos jours, la réputation de la valériane n’a pas faibli et elle est encore très utilisée. Aux États-Unis, par exemple, un sondage réalisé en 2002 par l’organisme Centers for Disease control and Prevention auprès de 31 000 personnes a révélé que 5,9 % des répondants avaient utilisé de la valériane et que 30 % d’entre eux l’avaient fait pour combattre l’insomnie1.

Recherches sur la valériane

Efficacité incertaine Troubles du sommeil. Jusqu’à présent, la recherche clinique n’a pas réussi à démontrer l’efficacité de la valériane pour traiter l’insomnie. Les résultats obtenus sont contradictoires et peu concluants dans l’ensemble. Dans le meilleur des cas, les personnes ayant pris des extraits de valériane ressentent une amélioration de leur sommeil2,4 et une diminution de la fatigue3. Toutefois, cette perception n’est validée par aucun critère objectif comme le temps d’endormissement, la durée du sommeil ou le nombre de réveils au cours de la nuit 2,5,7,8. Cela fait dire à certains chercheurs que la valériane ne serait pas plus efficace qu’un placebo6.

La seule chose sur laquelle les chercheurs s’entendent, c’est l’innocuité de la plante et la nécessité de mener des études mieux contrôlées2,9. En effet, la disparité des protocoles (dosage des extraits, durée du traitement) pourrait expliquer à elle-seule la variabilité des résultats obtenus. À cela s’ajoute l’hétérogénéité des extraits utilisés. Il faut savoir que la racine de valériane contient plus de 150 composés chimiques dont les proportions varient selon les conditions de culture et de récolte16 et selon les procédés de fabrication. Enfin, l’analyse des résultats est compliquée par la nature même de l’insomnie, un trouble du sommeil multifactoriel, difficile à évaluer et dans le traitement duquel l’effet placebo joue un rôle non négligeable.

La valériane est rarement utilisée seule. Traditionnellement, elle est souvent associée à d’autres plantes ayant des propriétés calmantes, telles que la mélisse ou le houblon. Quelques essais avec ce type de préparation ont donné des résultats positifs9-11.

Récemment, un essai clinique auprès d’une quarantaine de personnes a rapporté un effet bénéfique de la valériane (800 mg par jour pendant 8 semaines) chez des victimes du syndrome des jambes sans repos12. Les chercheurs ont observé une réduction des symptômes, une amélioration du sommeil et une diminution de la somnolence pendant la journée.

Efficacité incertaine Anxiété et agitation nerveuse. Des études menées sur les animaux suggèrent que la valériane pourrait agir sur certains messagers chimiques du cerveau de manière à réduire le stress et l’anxiété13. Quelques essais cliniques ont été menés auprès de personnes souffrant de stress19,20 ou de trouble anxieux généralisé18, mais les résultats sont insuffisants et ne permettent pas, pour l’instant, de valider ces effets sur l’humain14,15,17,25.

Usage reconnu La Commission E, l’ESCOP et l'Organisation mondiale de la Santé reconnaissent l'usage de la valériane pour traiter l'agitation nerveuse et l'anxiété ainsi que les troubles du sommeil qui en découlent.

Précautions

Attention

  • Éviter de conduire un véhicule ou de manipuler des outils dangereux dans les heures qui suivent la prise de valériane, en raison de son effet sédatif.

Contre-indications

  • L’innocuité de la valériane n’est pas établie hors de tout doute chez les enfants, les femmes enceintes et celles qui allaitent.

Effets indésirables

  • Presque inexistants aux doses recommandées, les quelques effets indésirables liés à la prise de valériane se limitent généralement à des malaises gastro-intestinaux légers et passagers.
  • Prise à hautes doses, la valériane peut causer de la somnolence.

Interactions

Avec des plantes ou des suppléments

  • Les effets de la valériane pourraient s'additionner à ceux d'autres plantes sédatives telles que le houblon, la camomille, la mélisse, la passiflore, etc.

Avec des médicaments

  • Les effets de la valériane pourraient s'additionner à ceux des benzodiazépines, des barbituriques et de tous les hypnotiques, sédatifs et calmants.
  • Des données cliniques sur des sujets en bonne santé indiquent que la valériane a peu d’effet sur les enzymes qui interviennent dans le métabolisme des médicaments23,24, ce qui implique une absence d’interaction.

 

 

Références

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Bibliographie

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Blumenthal M (Ed). The ABC Clinical Guide to Herbs, American Botanical Council, États-Unis 2003.
Blumenthal M., Goldberg A., Brinckmann J.(Ed). Expanded Commission E Monographs. Valerian root. American Botanical Council, publié par Integrative Medicine Communications, 2000.
Drugs.com. Natural Products (Professional). Valerian. [Consulté le 15 avril 2011]. www.drugs.com
Ernst Edzard (Ed). The Desktop Guide to Complementary and Alternative Medicine, Mosby, Grande-Bretagne, 2001.
European Scientific Cooperative on Phytotherapy (Ed). Valerian root, ESCOP Monographs on the Medicinal Uses of Plants Drugs, Centre for Complementary Health Studies, Université d'Exeter, Grande-Bretagne, 1997.
Hänsel R, Schulz V, Tyler VE. Rational Phytotherapy. A Physisicians' Guide to Herbal Medicine. Springer, Berlin, 1998.
Mills S, Bone K. Principles and Practice of Phytotherapy, Churchill Livingstone, Harcourt Publishers, Grande-Bretagne, 2000.
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Pizzorno JE Jr, Murray Michael T (Ed). Textbook of Natural Medicine, Churchill Livingstone, États-Unis, 1999.
Product Review : Valerian Supplements, ConsumerLab.com. États-Unis, 2006. [Consulté le 15 avril 2011].www.consumerlab.com
Santé Canada. Médicaments et produits de santé. Base de données d’ingrédients de produits de santé naturels. Monographies à ingrédient unique. [Consulté le 15 avril 2011]. hc-sc.gc.ca
The Natural Pharmacist (Ed). Natural Products Encyclopedia, Herbs & Supplements - Valerian, ConsumerLab.com. [Consulté le 15 avril 2011 2008] www.consumerlab.com

 

Crédit image : www.kurtstueber.de

Notes

1. Insomnia associated with valerian and melatonin usage in the 2002 National Health Interview Survey. Bliwise DL, Ansari FP. Sleep. 2007 Jul 1;30(7):881-4
2. Effectiveness of Valerian on insomnia: a meta-analysis of randomized placebo-controlled trials. Fernández-San-Martín MI, Masa-Font R, et al. Sleep Med. 2010 Jun;11(6):505-11.
3. The use of Valeriana officinalis (Valerian) in improving sleep in patients who are undergoing treatment for cancer: a phase III randomized, placebo-controlled, double-blind study (NCCTG Trial, N01C5). Barton DL, Atherton PJ, et al. J Support Oncol. 2011 Jan-Feb;9(1):24-31.
4. Bent S, Padula A, Moore D, et al. Valerian for sleep: a systematic review and meta-analysis. Am J Med. 2006 Dec;119(12):1005-12.
5. Stevinson C, Ernst E. Valerian for insomnia: a systematic review of randomized clinical trials. Sleep Med. 2000 Apr 1;1(2):91-99.
6. Taibi DM, Landis CA, et al. A systematic review of valerian as a sleep aid: safe but not effective. Sleep Med Rev. 2007 Jun;11(3):209-30.
7. A randomized clinical trial of valerian fails to improve self-reported, polysomnographic, and actigraphic sleep in older women with insomnia. Taibi DM, Vitiello MV, et al. Sleep Med. 2009 Mar;10(3):319-28.
8. A feasibility study of valerian extract for sleep disturbance in person with arthritis. Taibi DM, Bourguignon C, Gill Taylor A. Biol Res Nurs. 2009 Apr;10(4):409-17. .
9. Treating primary insomnia - the efficacy of valerian and hops. Salter S, Brownie S. Aust Fam Physician. 2010 Jun;39(6):433-7.
10. Cerny A, Schmid K. Tolerability and efficacy of valerian/lemon balm in healthy volunteers (a double-blind, placebo-controlled, multicentre study). Fitoterapia 1999; 70: 221-228. Étude citée dans : Natural Standard (Ed). Herbs & Supplements - Valerian, Nature Medicine Quality Standard. [Consulté le 15 avril 2011]. www.naturalstandard.com
11. Schmitz M, Jackel M. [Comparative study for assessing quality of life of patients with exogenous sleep disorders (temporary sleep onset and sleep interruption disorders) treated with a hops-valarian preparation and a benzodiazepine drug]. [Article en allemand, résumé en anglais]. Wien Med Wochenschr 1998;148(13):291-8.
12. Does valerian improve sleepiness and symptom severity in people with restless legs syndrome? Cuellar NG, Ratcliffe SJ. Altern Ther Health Med. 2009 Mar-Apr;15(2):22-8.
13. Formulations of dietary supplements and herbal extracts for relaxation and anxiolytic action: Relarian. Weeks BS. Med Sci Monit. 2009 Nov;15(11):RA256-62.
14. Valerian for anxiety disorders. Miyasaka LS, Atallah AN, Soares BG. Cochrane Database Syst Rev. 2006 Oct 18;(4):CD004515.
15. Herbal remedies for anxiety - a systematic review of controlled clinical trials. Ernst E. Phytomedicine. 2006 Feb;13(3):205-8.
16. Études citées et résumées dans : Natural Standard (Ed). Foods, Herbs & Supplements - Valerian, Nature Medicine Quality Standard. [Consulté le 19 novembre 2008] www.naturalstandard.com
17. Complementary and alternative medicine usage for behavioral health indications. Larzelere MM, Campbell JS, Robertson M. Prim Care. 2010 Jun;37(2):213-36.
18. Andreatini R, Sartori VA, et al. Effect of valepotriates (valerian extract) in generalized anxiety disorder: a randomized placebo-controlled pilot study. Phytother Res. 2002 Nov;16(7):650-4.
19. Cropley M, Cave Z, et al. Effect of kava and valerian on human physiological and psychological responses to mental stress assessed under laboratory conditions.Phytother Res 2002 Feb;16(1):23-7. Phytother Res. 2002 Nov;16(7):650-4.
20. Kennedy DO, Little W, et al. Anxiolytic effects of a combination of Melissa officinalis and Valeriana officinalis during laboratory induced stress. Phytother Res. 2006 Feb;20(2):96-102.
21. Kuhlmann J, Berger W, et al. The influence of valerian treatment on "reaction time, alertness and concentration" in volunteers. Pharmacopsychiatry. 1999 Nov;32(6):235-41.
22.Gutierrez S, Ang-Lee MK et al. Assessing subjective and psychomotor effects of the herbal medication valerian in healthy volunteers. Pharmacol Biochem Behav. 2004 May;78(1):57-64.
23. Gurley BJ, Gardner SF, et al. In vivo effects of goldenseal, kava kava, black cohosh, and valerian on human cytochrome P450 1A2, 2D6, 2E1, and 3A4/5 phenotypes. Clin Pharmacol Ther. 2005 May;77(5):415-26. texte intégral : www.pubmedcentral.nih.gov
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